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Censure numérique : Pourquoi l'opération "Big Delete" de la NSA nous concerne tous

Quand la NSA supprime des mots, elle efface bien plus que des termes. Cette censure impacte profondément notre liberté de penser en restreignant l’accès à des concepts clés. Découvrez comment l’opération "Big Delete" redéfinit les règles du numérique et menace la réflexion critique.

La National Security Agency (NSA) des États-Unis a récemment lancé une opération nommée "Big Delete", visant à purger de son réseau interne et de ses sites web des termes jugés non conformes aux nouvelles directives sur la diversité, l'équité et l'inclusion (DEI). 

27 termes interdits par l'administration Trump

Cette démarche fait suite aux décrets exécutifs de l'administration Trump, qui ont explicitement visé les programmes liés à la diversité et à l’inclusion dans les agences fédérales. Tous les sites et documents internes contenant l’un des 27 termes interdits, ci-dessous, seront supprimés :

  • Anti-Racism
  • Racism
  • Allyship
  • Bias
  • DEI
  • Diversity
  • Diverse
  • Confirmation Bias
  • Equity
  • Equitableness
  • Feminism
  • Gender
  • Gender Identity
  • Inclusion
  • Inclusive
  • All-Inclusive
  • Inclusivity
  • Injustice
  • Intersectionality
  • Prejudice
  • Privilege
  • Racial Identity
  • Sexuality
  • Stereotypes
  • Pronouns
  • Transgender
  • Equality

Des conséquences inattendues sur la cybersécurité

La suppression de ces termes va au-delà de la seule sphère de la diversité. Par exemple, dans le contexte de la cybersécurité, le mot "Privilege" est couramment utilisé pour décrire des aspects techniques, comme "privilege escalation", qui désigne un processus par lequel un utilisateur non autorisé obtient des droits d'accès supplémentaires sur un système. L'effacement systématique de ces termes a causé des interruptions imprévues sur des sites web critiques.

Une tendance plus large dans le gouvernement Trump 

Cette initiative n'est pas un cas isolé. Depuis l’administration Trump, plusieurs agences fédérales ont retiré des milliers de pages web contenant des informations sur la diversité, la santé LGBTQ+, le changement climatique, ou encore l’avortement

Un écho effrayant à la dystopie d’Orwell et Bradbury

Ces suppressions rappellent le contrôle décrit par Georges Orwell dans 1984, où "l'ignorance c'est la force". La novlangue y est instaurée pour restreint la pensée en simplifiant le langage, empêchant l'expression de critiques de l’État. De même, dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, les livres sont brûlés pour éliminer toute pensée jugée comme subversives. Aujourd'hui aux Etats-Unis, première puissance économique du monde,  la suppression de termes comme "diversité" et "inclusion" semble suivre cette même logique : restreindre l’accès à l’information pour limiter la réflexion critique.

Les implications pour la liberté cognitive et l'accès à l'information

La suppression du terme "biais de confirmation" par la NSA s'inscrit explicitement dans cette démarche particulièrement inquiétante visant à restreindre la liberté de pensée et à conditionner les esprits. 

En effaçant des concepts fondamentaux qui permettent d’analyser et de questionner l'information, le gouvernement américain semble chercher à créer une population de "moutons", dénuée de libre arbitre et plus capable de penser de manière critique. 

Un autre exemple récent de cette volonté de contrôle des esprits est l'attaque de Musk contre Wikipedia, symbole de la connaissance libre et accessible. Elon Musk appelle régulièrement à ne pas faire de dons à la plateforme collaborative, considèrant que Wikipedia s’assimile à un média n’allant pas dans son sens.

Des attaques qui rappelle tragiquement le parcours d'Aaron Swartz, militant politique et hacktiviste américain. Fervent défenseur de la liberté numérique, Swartz croyait que l'accès à la connaissance était un puissant levier d'émancipation et de justice. Accusé d'avoir publié des contenus protégés par le droit d’auteur dans sa vision utopiste de partage libre de la connaissance, harcelé par le gouvernement américain, il s’est suicidé à l'âge de 26 ans. 

Former, sensibiliser et agir : l'engagement de Data Ring pour un numérique responsable et éclairé

Data Ring poursuit cette lutte en s'engageant activement pour penser le réel à l'heure de l'IA et du tout numérique décomplexé. Nos actions concrètes sur le terrain comprennent :

  • Notre Guide des Réseaux : destiné aux jeunes et à leurs parents pour les sensibiliser aux risques liés à l'usage des réseaux sociaux, et leur offrir des clés pour faire face à des dangers comme la désinformation, l'intimidation en ligne, etc.
  • Les Causeries DATA : une série de podcasts dédiés aux enjeux numériques, notamment les libertés numériques, la protection des données, la cybersécurité, la désinformation, et l’intelligence artificielle.
    • Avec Yann Ferguson, sur l’avenir du travail à travers l’IA.
    • Avec Antonio Casilli, sur les travailleurs invisibles du numérique et de l’IA.
       
  • Notre Lab'IA : une initiative pour réfléchir collectivement aux systèmes d'IA qui transforment notre manière de vivre et travailler. L'objectif est de promouvoir des usages éthiques et raisonnés de la technologie, tout en exploitant ses opportunités et en minimisant ses risques.
  • Le Prix de la Donnée : une récompense visant à encourager des travaux innovants dans le droit, l’économie, les sciences sociales, et l'informatique, liés à l'intelligence artificielle et à la réglementation des données.
  • Recours contre Microsoft : L'Internet Society France demande l’annulation de la délibération de la CNIL autorisant l’hébergement des données de santé des Français par Microsoft. Me France Charruyer, Présidente de DATA RING, porte le recours.

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