Libre2Danse
CULTURE ET DIGITAL
Le processus de digitalisation est un réel bouleversement. L’ère du numérique et ses objets ont nettement modifié nos moyens de communiquer, de s’informer et de vivre.
Menace ou promesse ? De plus en plus d’institutions, d’associations et d’organismes culturels misent sur l’utilisation des technologies numériques dans leurs activités. Une plus grande pluralité de divertissements culturels se crée. De façon plus libre et moins inégale, elles permettent aussi de mettre en lumière de nouveaux talents et de promouvoir la créativité chez tous car aisément plus accessible.
Par la voie digitale, l’information est rapide et la visibilité devient maximale. Les nouvelles technologies et l’intégration du digital dans le secteur culturel constituent un des nouveaux moteurs de développement des arts et de la culture. Le digital encourage ainsi l'émergence d'idées originales, l'expérimentation et la diffusion de projets innovants.
Cependant le digital interroge malgré tout. Alors de la vigilance pour éviter toute perte de valeur et de forme de standardisation de la culture et à l’ère du numérique, nous sommes assurément à une soudaine mutation culturelle.
IMAGE ET DANSE
La danse paraît sans doute l’art le plus malléable au sens plastique. L’image de la danse par le système de la vidéo était à l’origine un produit d’archive au service d’une mémoire de danse fonctionnant comme document, notation chorégraphique et repère pour remonter une partition dansée. L’image se révèle mécanique et se heurte à la restitution vivante du corps dansant.
Elle ne peut donner qu’une appréhension partielle de l’événement dansé face à la valeur d’une interprétation. Et il ne faut pas oublier que l’image s’adresse à l’œil du spectateur avant de se déployer dans le registre de sa sensibilité inter-sensorielle.
Depuis au moins deux décennies le basculement progressif dans l’ère numérique offre au créateur un nouvel instrument. Les technologies numériques sont accueillies avec enthousiasme et présentent maintes possibilités artistiques quand d’un autre côté, ceux qui les utilisent craignent que la technologie prenne le pas sur la représentation des corps vivants et sur le processus de création artistique. Les médias digitaux apparaissant sur scène permettent de nouveaux modes d’expression esthétiques. La technologie se présente comme un acteur non-humain qui contribue à la création artistique en influençant et en s’adaptant au processus créatif.
Utiliser la technologie comme un nouveau médium permet d’explorer de nouvelles perceptions du corps dansant et de façonner de nouveaux langages. Le truchement magique de l’image nous amène sur la frontière confuse du réel et de l’imaginaire, de l’organique et du numérique. Le monde glisse dans une dématérialisation, une accélération des processus, un zapping, des puzzles d’images qui sont des données de l’évolution de notre société et de l’homme dans son environnement.
Si l’avancée des nouvelles technologies contribue à l’évolution des formes, n’est-ce pas pour de nouvelles voies créatrices du corps de la danse ? L’Image et la Danse sont une conjugaison qui englobe bien des possibles et détermine peut-être une autre manière d’appréhender la danse de demain.
Art éphémère, impression de mémoire, traces de nos gestes laissées sur scène, la danse est l’expression même de notre passage et de nos fragilités. Elle est la preuve que le corps est l’écrin dans lequel nous vivons nos émotions, la preuve que par le corps passent toutes les conceptions du monde et les aspirations humaines.
L’expression du corps à travers la danse exhale ce que la parole est parfois inapte à faire passer. De la position, du désir de danser et par la métaphore d’un désir, celui du dire. Ce qui manque le plus au monde de la danse, c’est toujours plus de parole. La danse est une profession que l’on perçoit muette.
Cette publication est un outil qui propose du contenu sur le thème de la danse sans opposition à quelques formes que ce soit et revêt l’ouverture d’une modeste fenêtre « Libre de Danse ! »
Kader BELARBI
Danseur et chorégraphe de renom, Kader se distingue par une inépuisable curiosité et un appétit renouvelé d’aventures dansées. Ancien danseur étoile du ballet de l’Opéra de Paris, Kader a pris ses fonctions de directeur de la danse du ballet du Capitole de Toulouse en août 2012. Il a notamment créé La Reine morte (2011), Le Corsaire (2013), Giselle (2015), Mur-Mur (2016), Don Quichotte (2017) et Toulouse-Lautrec (2021).
Pour aller plus loin :
« Toulouse-Lautrec », la réalité virtuelle et la danse
(Ré)écoutez l'entretien exclusif avec Kader Belarbi dans le podcast «Les Causeries Data »
Actualités :
« Toiles Étoiles »
Second volet du cycle « Picasso et la Danse »
à découvrir du 13 au 20 février 2022 au Théâtre du Capitole (Toulouse)